Chartreuse

De temps en temps, vous pouvez trouver un artiste qui existe en dehors des rites de passage régimentaires du 21e siècle. Ils sont difficiles à situer, difficiles à lire, difficiles à discerner. Juste un artiste qui fait de la musique dont on a envie de parler, mais qu’on préfère garder pour soi. Chartreuse est l’un de ceux-là. Un groupe. Un très bon groupe. En accord non seulement avec leurs instruments mais aussi avec eux-mêmes. Les uns avec les autres. Chartreuse vient de Birmingham, une ville connue pour n’être pas très branchée. Chartreuse est un jeune groupe intelligent qui écrit de grandes chansons avec lesquelles vous devriez passer du temps. Fin de la biographie.

Mais elle ne s’arrête pas là, c’est impossible. Nous vous en dirions probablement plus ici sur la cabane dans laquelle ils disparaissent pour écrire des chansons et répéter, mais Bon Iver les a devancés. Mais cette cabane est assez importante. C’est là où tout se passe, où ils écrivent et chantent et jouent et enregistrent et font des erreurs et les corrigent. 

Chartreuse, c’est Hattie Wilson, Mike Wagstaff, Rory Wagstaff et Perry Lovering. Amis avant d’être un groupe. Inséparables avant même qu’ils ne parlent de le former. Ils partagent une affinité mutuelle avec les atmosphères plus sombres de Ben Howard, la force émotionnelle de Sharon Van Etten et l’ensemble du catalogue de Radiohead. De la musique révérencieuse pour des gens émotifs. Collez ça sur un t-shirt.

Avec leur EP « Is It Autumn Already », ils ont créé quelque chose de vraiment, uniquement spécial. Un disque qui coule à son propre rythme, qui fait son propre truc, et qui n’en est que plus essentiel. On y retrouve le frisson de The XX, les glitches et gloops de Justin Vernon, les pulsations de guitare de Spiritualized, et les rythmes métronomiques aussi envoûtants que les yeux de Kaa. Une petite influence jazz là-dedans aussi peut-être. Des signatures temporelles bizarres, des textures inhabituelles, des rythmes obliques. Les voix partagées de Mike et Hattie s’entrelacent et sautent à mesure que le support enfle, et vous avez là un EP fascinant dont vous pouvez parler. 

On ne peut nier que c’est de la musique sérieuse, avec un grand S. Mais c’est de la musique exquise. Une musique émouvante. Une musique qui suscite des émotions et qui vous laisse dans un tas froissé. A quand remonte la dernière fois qu’un morceau vous a fait ça ? 

Chartreuse, alors, compagnons pour la vie. Gros son. De grands rêves.